En mars 2022, dans le cadre de la semaine des médias au sein des établissements scolaires, une enseignante d’un collège basé dans le département des Hauts de Seine (92) a proposé à ses deux classes de 5ème de travailler collectivement à la réalisation d’un journal ayant pour thème le harcèlement scolaire.
L’enseignante Maelenn B, ancienne journaliste reconvertie, nous explique comment ses élèves s’y sont pris et pourquoi elle a fait appel à Ma Fabrique à Journal.
Comment le thème a-t-il été choisi et pourquoi ?
Je voulais créer un projet d’écriture avec eux en lien avec notre chapitre sur l’amitié dans les récits d’enfance et d’adolescence. La question du harcèlement est apparue tout de suite dans nos discussions sur les textes étudiés et m’a donc semblé être un thème pertinent à travailler avec eux sous forme journalistique.
Sur combien de séances (heures de cours) le projet s’est-il déroulé et comment se sont organisés les élèves pour construire leur équipe de rédaction et le chemin de fer du journal ?
Nous avons travaillé sur trois séances d’une heure en demi-groupe et la version finale de leur article était à faire à la maison. La première séance était dédiée à la recherche des types d’articles et des angles que pourraient prendre leurs articles, la deuxième au travail de recherche, la troisième d’écriture/remédiation/amélioration de leurs articles. J’ai choisi par manque de temps de gérer la mise en page moi-même mais je compte cette année dédier une séance de plus pour que les élèves tentent eux-mêmes de le faire.
Lors de la première séance, j’ai pu leur expliquer comment fonctionnait une rédaction et nous avons ensuite répartis les rôles et les sujets. Chaque groupe avait un rédacteur en chef adjoint. De plus, sur chaque article, les élèves avaient la possibilité de travailler seul, en binôme ou en trio. Ils se sont souvent organisés par affinités mais aussi par appétence pour le sujet de l’article choisi.
En dehors du fil rouge choisi pour ce journal : qu’ont appris les élèves sur le monde du journalisme et la manière de construire un hors-série thématique ?
Ils ont pu découvrir la structure d’un magazine ou d’un journal ainsi que les différents formats d’articles et leurs spécificités (entre un éditorial, une interview, une critique culturelle etc.). Ils ont également pu travailler sur leurs capacités de recherche et de synthèse (où trouver des informations fiables, comment recouper une information, comment rendre compréhensible des éléments souvent très techniques).
Enfin, ils ont pu, grâce à Ma Fabrique à journal, voir des vidéos de l’impression de leur magazine et donc mieux comprendre les étapes de création “matérielle” d’un magazine.
Combien d’exemplaires ont été tirés et que sont-ils devenus ?
Une grosse centaine. Les élèves ont pu avoir leur exemplaire et en donner à leurs professeurs. Les autres exemplaires ont été laissés en libre lecture au CDI.
Quels seraient vos conseils à d’autres enseignants de collèges/lycées qui voudraient développer des projets similaires ?
Je suis persuadée que pour que ce genre de projet fonctionne bien, il faut laisser une autonomie importante aux élèves. Pour cela, il est nécessaire d’avoir une idée claire de son projet ainsi que des séances de préparation et de création pensées en amont.
Pourquoi à l’heure du “tout web” avez-vous trouvé important d’avoir quelques exemplaires papier du travail de vos élèves ?
Je voulais qu’ils puissent avoir une réalisation matérielle mais aussi qu’ils puissent voir l’ampleur de leur travail collectif. De plus, pour mes élèves, n’importe qui peut écrire ou créer du contenu en ligne. Avoir son nom sur un journal ou dans un livre, un objet que l’on peut emporter, montrer, offrir, c’est une source de fierté pour eux. Ils se sont sentis importants et valorisés et c’est exactement le sentiment que j’espérais susciter chez eux.
Au-delà de la version imprimée de leur travail : le fait que cela soit imprimé sur du vrai papier journal et ressemblant à ce qu’ils peuvent trouver en kiosque a permis aux élèves de se projeter et d’être fiers. Ils attendaient l’arrivée de leurs journaux avec impatience, ils étaient surexcités à leur réception et très attentifs dans leur lecture des articles de leurs camarades. Plusieurs d’entre-eux les ont montrés avec fierté à leurs autres professeurs ou camarades d’autres classes.